FAROUK, SOUSSA
ET L'AUBERGE DES PYRAMIDES©

 

 

 Quelques souvenirs    d'artistes passés à  l'auberge des Pyramides....

 

© Roland Bertin
Tarzan lui-même..

 

 

 

 

© Roland Bertin
Charles Aznavour
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© Roland Bertin
Trenet & Montant

 

 

 

© Roland Bertin
Luis Marciano

 

 

 

 

 

J'avais promis une suite de mes souvenirs de l'époque où j¹assumais la direction artistique de l¹Auberge des Pyramides.

On ne peut pas dissocier « l¹Auberge » de celui qui a été son créateur :Albert. Soussa.

Albert Soussa, égyptien d'origine syro-libanaise avait une entreprise de fer-forgés. Il fabriquait dans ses ateliers les carcasses de luminaires sur lesquelles il faisait monter les cristaux de Baccara importés de France.

L'atelier se complétait par un hall d'exposition et de vente rue Talaat Harb Pacha.

Ce style de luminaires était très prisé par la noblesse et la grande bourgeoisie égyptiennes où le mobilier de salon se composait souvent de fauteuils et canapés en bois dorés, avec au plafond des luminaires en cristaux de Baccara de chez Soussa. Plus il y avait de luminaires accrochés
au plafond, plus on était censé posséder de la fortune.

Albert Soussa avait équipé quelques salons des palais royaux de ses luminaires et les faisait entretenir par ses services, ce qui comme bien l'on pense représentait pour son entreprise une bonne source de revenus.

Son frère, Edmond, avait été champion du monde de billard. Lui-même n'était pas maladroit dans cette discipline. Aussi l'intendance royale avait-elle cru bon de lui confier également l'entretien des tables de billard des
Palais.

Il eut ainsi l'occasion, de rencontrer le souverain, et je crois aussi d'engager avec lui quelques parties de billards, ce qui, bien entendu, créa un climat relationnel particulier entre eux.

Un mauvais repas pris dans un restaurant de la route des Pyramides, une discussion avec le Maître d'Hôtel et Albert Soussa jura de créer un établissement où l'on pourrait bien manger et être bien servi.

Et c'est ainsi qu'en 1943 une villa sur la Route des Pyramides fut transformée en un restaurant, vaste, agréable et décoré dans le style rustique normand.

Progressivement un orchestre fut engagé pour créer une ambiance, puis ce furent les Galas, les attractions, pour devenir in fine le grand établissement de spectacle où se produisirent les plus grandes vedettes du monde, dont une grande majorité de vedettes françaises.

Bien que les tables fussent installées à une bonne distance les unes des autres avec des fauteuils destinés à accueillir le large séant des orientaux, la grande salle pouvait contenir près de huit cents personnes.

Les luminaires de la maison Soussa pendaient de partout. À la cuisine trônaient de grands chefs "made in France" arrachés à des hôtels, "l'importation" étant impossible en temps de guerre, et le service de salle assuré par des maîtres d'hôtel en habit assistés de "soufraghis" (serveurs) soudanais en gants blancs.

Comme vous voyez, le qualificatif "d'auberge" n'était plus du tout approprié à ce lieu. Mais le nom fut conservé et devint une référence pour les artistes qui s'y produisirent.

Dès son inauguration, l'Auberge des Pyramides obtint un succès immense. Toute la haute société s'y retrouvait. Y furent organisés les Galas de bienfaisance au profit de telle ou telle institution caritative ou des oeuvres des armées alliées. Les salons se louaient pour célébrer des mariages
ou autres grands événements de la vie sociale ou professionnelle.

J¹avais dit que Farouk avait été présent une première fois à l¹occasion d¹un
gala caritatif.

A cette époque en 43, j¹avais créé avec Simone Alex et d¹autres artistes amateurs, un théâtre de chansonniers que nous avions baptisé « La Lune Rousse », où je m¹étais spécialisé dans les sketches franco-arabes.

Soussa m¹avait prié à l¹occasion de ce Gala, de présenter quelques uns de mes sketches.

Le succès alla au-delà de mes espérances et je voyais Farouk secoué de rires à chacune de nos répliques.

Farouk avait dû probablement prendre goût à l¹ambiance qui régnait à l¹Auberge et aux marques discrètes de respect qui l'entouraient, et c'est ainsi qu'une table lui fut réservée en permanence.

Une autre table juste derrière la sienne était destinée à sa garde r approchée. Une voiture du Palais amenait tous les soirs deux policiers de la garde royale qui s'installaient dans le hall d'entrée pour le cas  où le roi viendrait par surprise.

Et c¹est ainsi qu¹invité vedette à l¹occasion d¹un Gala de bienfaisance en 1943, je poursuivi ma carrière à l¹Auberge, en qualité de directeur artistique jusqu¹à mon expulsion d¹Egypte en 1956.

Dans un troisième chapitre, si l'AJOE le souhaite, je vous relaterai quelques souvenirs amusants de cette époque.

Roland Bertin

Un grand merci à Roland pour ses documents si précieux. et sa participation toujours active - AJOE